Endzone – A World Apart

Retour à l’âge de ferraille

Rassurez-vous, le Covid-19 n’éteindra pas l’humanité. La vraie cause de notre perte surviendra en 2021, quand un groupe terroriste fera sauter plusieurs centrales nucléaires à travers le globe. C’est le point de départ optimiste de Endzone – A World Apart, sorti en accès anticipé ce 2 avril. C’est le fessier serré que j’ai ponctionné mon compte luxembourgeois. Envoûté par les trailers, je n’osais pas écouter mon coeur, paralysé comme devant des images du Conseil des ministres ; Dieu qu’ils sont beaux, trop pour être honnête.

Kolkhoze morose
Tout commence autour de l’épave du bus* qui contient quelques ressources. Endzone est avant tout un jeu de survie, les deux priorités sont l’eau et la nourriture. Réservoir, puits, citerne, château d’eau – cueillette, semences, chasse, pêche…Les constructions ne manquent pas, et surtout elles sont complémentaires. Une citerne d’eau, par exemple, produit beaucoup mais mobilise 5 survivants. Un puits est peu productif, mais n’a besoin que d’un travailleur, et continue de fonctionner en période de sécheresse. Idem pour la nourriture, avec une rotation encouragée des cultures. Un champs de patates à maturité remplira les stocks, mais mettra 3 fois plus de temps à pousser que du maïs, au rendement moindre. Entre chaque moisson, il faudra compter sur la cueillette et la chasse, en déplaçant les zones de travail quand champignons et sangliers viendront à manquer. 

*NDLR : qui n’a rien de magique

Irradié de Pôle-Emploi
Chose très agréable pour un accès anticipé, on a une bonne visibilité sur tout. Si les statistiques globales ne sont pas encore accessibles, en jeu, tout est limpide. Un panneau latéral recense tous les postes de travail et la main-d’œuvre disponible, rendant possible une flexibilité à faire pâlir d’envie le Medef. Un porteur d’eau vient de mourir ? Aussitôt on débauche un chasseur. La récolte se fait à un rythme un peu trop mou ? On envoie aux champs les ferrailleurs. Il en va de même pour les besoins psychologiques des personnages. Jamais on ne se demande pourquoi Mattéo fait la tronche, car tout est clairement expliqué à chaque notification : manque de médocs, de cimetière, de lieux de convivialité…Le moral est crucial, car, comme les radiations, il influe grandement la fertilité. On a d’ailleurs en permanence un œil sur les jauges de croissance des enfants. Très pratique, pour anticiper la gestion des ressources humaines, de savoir que Justine, Léon et Matthéo seront bientôt en âge d’aller galoper dans les décharges irradiées. 

Le Jardin d’œdème
Car l’eau et la nourriture ne remplacent pas la source ultime de toute vie : les déchets. Avec le traditionnel bois, les tas de ferraille et autres rebuts sont la matière première par excellence. Les déchets collectés sont répartis entre les différents recycleurs : ceux qui trient le tissu, le plastique, le métal ou bien l’électronique. Le tissu est nécessaire pour protéger les colons des faibles radiations avec des écharpes. D’autres équipements plus efficaces sont disponibles, moyennant l’association de plusieurs ressources : tissu-charbon pour les masques, tissu-charbon-plastique pour les combinaisons intégrales, le must. Car des colons irradiés seront malades et moins efficaces au travail, mettant en danger des stocks durement constitués. À la prochaine sécheresse, c’est l’hécatombe assurée. 

Les 17 plaies d’Égypte
Endzone, déjà exigeant de base, est ponctué d’événements punitifs : les sécheresses et les tempêtes de sables. Les premières rendent toutes les exploitations nourricières obsolètes, obligeant à tenir la saison entière sur les réserves. Les tempêtes de sable endommagent quasiment tous les bâtiments, stoppant la production. Le point commun des deux fléaux est leur fréquence mortelle. Quand en plus ils se suivent, c’est un brin décourageant. Que la nature soit injuste, d’accord. Mais un jeu doit avoir un peu plus de clémence pour représenter un défi crédible sur la longueur. En ce tout début d’accès anticipé, il est possible de survivre très longtemps et de s’amuser en étant prudent, et à condition d’aller lentement en début de partie. Car aucune place n’est laissée à l’errance dans la gestion des ressources et de la main-d’œuvre. Tout doit croître à un rythme coordonné, sous peine de se retrouver avec soit trop de bouches à nourrir, soit trop peu de bras pour produire. 

Endzone – A World Apart fait une excellente première impression. Le système de jeu est clair et bien en place, la réalisation soignée, l’optimisation impeccable. Il promet de bons défis, une fois ajustés les trop fréquents excès de cruauté de l’environnement qui font passer Banished pour des vacances à la campagne.

Endzone – A World Apart
Développeur : Gentlymad Studios (Allemagne)
Éditeur : Assemble Entertainment / Whispergames
24€ sur Steam et GOG

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